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Interview de Pierre-Alix Lloret



Bonjour Pierre-Alix, pouvez-vous vous présenter.

Je suis le cofondateur de 2tonnes. J’ai débuté ma carrière dans le conseil en performance humaine, j’organisais notamment des défis sportifs qui permettaient aux participants de se questionner sur leurs valeurs personnelles et organisationnelles au sein leur entreprise. Je me suis intéressé au sujet environnemental et climatique en 2017. Cela s’est fait très progressivement. J’ai commencé à m’impliquer dans l’association la Fresque du Climat où j’ai rencontré François qui venait de créer l’atelier 2tonnes. Je suis devenu animateur de cet atelier. On a voulu accélérer le développement du projet pour démultiplier son impact. On a créé, ensemble, une entreprise de l’économie sociale et solidaire et une association pour structurer le projet pour permettre son développement auprès de différents publics.


Quelle est la mission principale de 2tonnes ?

La raison d’être du projet est d’accélérer la transition bas carbone en mettant en mouvement les différents acteurs, individus et organisations. On a ainsi créé une expérience immersive, interactive et participative qui permet aux individus de changer de posture pour passer en posture d’acteur « épanoui ». Ils choisissent ainsi les actions à mettre en place pour débuter et y prennent goût. On souhaite accélérer la transition au niveau de la société en ayant un impact au niveau de la psychologie des personnes.


Parlez-nous de votre opération spéciale avec la SNCF dans le cadre de la Semaine européenne du développement durable ?

L’opération En’train pour le Climat est complètement alignée avec notre raison d’être. Cette opération permet de parler du climat et de sensibiliser des personnes de tous bords. Le train, c’est populaire ! C’est aussi une mobilité très peu carbonée et dont l’usage massifié est un vrai levier de la transition. On le sait, nous devons moins voyager avec la voiture individuelle et l’avion et davantage en train - notamment pour les voyages longue distance. 2tonnes défend ce rapport positif à la transition. La transition est un défi, elle n’est pas seulement un problème. Ce défi, il faut le voir comme une opportunité de résoudre d’autres problèmes, d’inventer de nouvelles pratiques. Cet atelier 2tonnes est à la fois unique, insolite, sexy. On a voulu créer de la magie autour de ça. Le déployer dans un contexte que l’on attendait pas. La transition permet de créer des choses extraordinaires.


Les délégués du Grand Défi ont eu la chance de tester en avant-première un nouveau format de l'atelier 2tonnes dans le train qui roulait vers Grenoble. Quel message avez-vous souhaité leur faire passer ?

Les délégués du Grand Défi ont pu prendre part au tout premier atelier ! Il était ouvert à tous les voyageurs du train ; Son contenu était prédéterminé mais j’ai adapté des éléments de la posture. Je voulais les faire réfléchir, apporter des connaissances supplémentaires pour certains, mais aussi les encourager dans la démarche. 2tonnes a la particularité de traiter à la fois l’échelle individuelle, par exemple les ecogestes - mais aussi l’échelle collective. Durant l’atelier les participants incarnent des décideurs au niveau national en simulant à la fois ce qui peut être mis en place et la conséquence sur l’empreinte carbone moyenne des Français. Gouvernement, collectivités locales, entreprises, ces acteurs font partie de la transition. Je trouvais important de conforter les délégués sur le fait que les actions qu’ils mettent en place sont nécessaires et pertinentes et qu’elles ne sont pas isolées des actions individuelles. Il existe une vraie complémentarité entre les deux. Plus les individus s’engagent et envoient des signaux aux organisations et aux entreprises, plus elles s’engagent et permettent aux individus de décarboner leurs modes de vie. Cela influence tout le reste de la société.

J’aime beaucoup la métaphore de la randonnée. C’est le sport le plus pratiqué en France. Il n’est pourtant pas sexy et offre un confort matériel moindre. C’est typiquement ce qui peut se passer avec la transition des entreprises et les enjeux climatiques : on va perdre de la rentabilité d’un côté mais en réinventant des choses telles que l’optimisation sous contrainte et des business modèles plus innovants qui vont souder les équipes vers une cause fédératrice. J’aime aussi ce terme de défi qui fait écho à la façon dont on peut anticiper la transition.


Comment s’est passé l’atelier à bord et la rencontre avec nos délégués ?

Ce sont des personnes très curieuses qui posent des questions et n’arrivent pas avec des certitudes alors que certains d’entre eux avaient pourtant des connaissances élevées sur le sujet. Cette curiosité n’était pas simplement intellectuelle, il y avait derrière cela une envie de débattre et de confronter les idées. J’en veux pour preuve, l’atelier qui devait durer 40 minutes a finalement duré presque 1h40… Dont une heure a posteriori à débattre avec d’autres voyageurs. J’ai pu constater une vraie ouverture d’esprit et l’envie d’échanger. Les délégués étaient heureux d’aller à Grenoble et de se retrouver ensemble. Il y avait un côté célébration alors qu’ils s’engagent dans le Grand Défi pour contribuer à résoudre un problème.


Selon vous, quels peuvent-être les freins à la transition de l’économie et des entreprises ?

Un des freins est lié à des imaginaires, ceux de la réussite, de ce qui la caractérise et caractérise les objectifs finaux et par conséquent la prise de décision. Le rôle de l’entreprise et sa fonction font partie des débats du moment. Qu’est-ce qui fait qu’une entreprise a réussi, qu’elle s’est développée et a accompli sa mission ? L’indicateur financier a longtemps prédominé. Le fait de réfléchir en groupement d’entreprises sur une autre façon de voir les choses, le fait, aussi, de mettre l’intelligence collective au cœur du processus avec un aspect démocratique fera naître d’autres imaginaires. En ouvrant le débat, on ouvre aussi le champ des possibles.


Si vous aviez une idée à retenir pour accélérer la transition de l’économie et des entreprises, quelle serait-elle ?

La société change en permanence et l’on voit émerger des tendances de fond. La transition peut être vue comme une opportunité, de business notamment ou comme une contrainte. Mais elle peut aussi être perçue comme le début d’une « tendance » à laquelle il faut s’adapter sous peine de complètement se planter. Je pense notamment à certaines entreprises qui n’ont pas su anticiper la transition numérique, et qui n’ont pas survécu.

Ce qui est certain aujourd’hui, c’est que la demande va changer et impacter tous les business. La loi va changer et apporter un contexte légal. Les entreprises doivent également considérer la vitesse du changement. Elle est exponentielle. Il y a des points de bascule dans le changement de la société, celui-ci est arrivé.

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