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Interview de Sébastien Maire

Dernière mise à jour : 1 juin 2022




Pouvez-vous nous décrire en quelques lignes quelle est la mission de votre organisation et nous donner quelques exemples d'actions qu'elle a réalisées avec ou auprès des entreprises ?

L’association France Ville Durable regroupe des parties prenantes professionnelles de la ville durable, publiques et privées, réparties en 4 collèges : l’Etat (4 ministères dont la Transition écologique et les Collectivités locales, et les agences et opérateurs ANRU, ANAH, ANCT, ADEME, CEREMA, CSTB, Caisse des Dépôts, etc.) ; des collectivités locales (l’association est présidée par le maire et président de la communauté urbaine de Dunkerque, et l’ADCF-Intercommunalités de France en est membre fondateur) ; des entreprises de toutes tailles et secteurs d’activité (CAC 40 comme start-up), et des Experts (parmi lesquels la Fédération Nationale des Agences d’Urbanisme, le Conseil National de l’Ordre des Architectes, Syntec Ingénierie, etc.). Son but : repérer et rediffuser très largement des outils, méthodes et exemples de réalisations qui permettent d’accélérer les démarches de transition écologique des territoires, en France comme à l’international. Elle organise notamment des ateliers entre ses membres et les exécutifs et directions générales des collectivités locales, pour les inspirer en amont de leurs projets. Elle a reprécisé les fondamentaux des villes et territoires durables dans un Manifeste, articulé autour des objectifs de Sobriété, Résilience, Inclusion et Créativité.

Pour vous, il importe d'associer tous les acteurs d'un territoire pour la mise en place d'une société durable. Comment percevez-vous le rôle des collectivités dans la transition écologique du monde économique ?

Les collectivités du bloc communal sont légitimes pour organiser, coordonner, animer la gouvernance de la démarche de transition écologique du territoire, avec les autres acteurs institutionnels, les citoyens, les scientifiques et bien sûr le monde économique. Car la transition écologique et la décarbonation d’un territoire est avant tout celle des activités économiques, pas celle des activités de la mairie ou intercommunalité qui représentent par exemple à peine 5 % des émissions de gaz à effet de serre. Le principal levier de transition écologique d’une collectivité n’est pas son PCAET mais sa stratégie de soutien à la mutation de l’économie, des emplois et de la formation pour faire bifurquer les trajectoires délétères de l’anthropocène. Et quand les collectivités ne sont pas encore suffisamment « éclairées » sur les enjeux et ne sont pas suffisamment moteur, les acteurs économiques peuvent tout à fait l’être quand même et il y a de multiples exemples de démarches individuelles ou collectives d’entreprises qui vont dans le bon sens, et qui vont parfois plus vite que les décideurs publics.


Selon vous, la politique environnementale d'un territoire peut-elle participer de son attractivité auprès des entreprises ? Et si oui, de quelle façon ?

Le terme même d’attractivité pose problème, dès lors que l’on raisonne à l’échelle nationale. Faut-il vraiment qu’il y ait des territoires plus attractifs ou compétitifs que d’autres ? Que certains attirent des entreprises et que d’autres voient leurs entreprises partir ? Dans tous les cas les enjeux sont globaux et une des évolutions sémantiques fortes vise le passage de logiques de compétition à des logiques de coopération, y compris dans le monde économique. Nous sommes tous dans le même bateau face à la gravité de la situation ! Mais bien-sûr, au fur et à mesure que la réalité des conséquences du dérèglement climatique et des autres enjeux de l’anthropocène vont devenir tangibles pour la population, un territoire dont les décideurs publics et privés aura pris depuis longtemps des décisions et mis en œuvre des actions qui vont dans le bon sens sera bien plus accueillant, rassurant et protecteur que les autres pour les habitants, qui sont aussi pour beaucoup des salariés.


Pour vous, le Grand défi sera réussi si...

De mon point de vue, le simple fait que le Grand Défi existe est déjà une réussite, quels que soient ses résultats. Il montre que de plus en plus d’acteurs économiques ont pris conscience de leur responsabilité et de leur capacité d’agir concrètement, ce qui est déjà énorme. Le parti pris du tirage au sort et de l’implication de dirigeants uniquement est très ambitieux, et très risqué. Mais c’est ce qui fait tout son intérêt : à l’instar de la convention citoyenne pour le climat il ne vise pas à réunir des personnes déjà convaincues, mais au contraire à sensibiliser et « embarquer » un panel représentatif de la réalité de l’économie d’aujourd’hui, dans toute sa diversité. C’est ce qui fera la légitimité et la force des propositions élaborées à la fin du processus.

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