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Que la transformation devienne la norme !

Dernière mise à jour : 1 juin 2022



Dominique Ganiage, ancienne élève de l'ENA, a fait une partie de sa carrière dans l'administration au Ministère de l’industrie et a été diplomate. En 1992, elle rejoint Électricité de France et sa Direction internationale où elle occupera plusieurs postes. En 2000, elle se voit confier le projet développement durable du groupe et restera impliquée depuis dans ce domaine, à partir de 2010, comme Déléguée développement durable de la Direction de la production-ingénierie d’EDF. En 2002, elle contibue à créer et devient présidente pendant 4 ans d’Auxilia, association au service du développement durable local. A son départ d’EDF mi 2020, elle décide de poursuivre son engagement en créant Odos conseil, spécialisé dans l’accompagnement des entreprises dans le développement durable. Elle est aujourd'hui Engagée dans la Convention21.


Selon vous, quels sont les principaux freins à la transition des entreprises vers une économie durable ?

Il est difficile de répondre à cette question. Les freins sont multiples. Certains dépassent les seules entreprises et renvoient à notre modèle notamment de consommation, de fonctionnement économique et de financement, dont la réglementation est aussi le reflet. Ces freins sont complexes, intriqués et s’inscrivent dans une économie mondialisée, très interdépendante et liée aux énergies fossiles.

Pour autant, si on essaie d’aller vers un prisme plus directement centré sur les entreprises et en caricaturant, il y a au fond d’une part l’incertitude face au changement, la capacité à se transformer dans un monde complexe et incertain, de quitter des règles, des modes de fonctionnement connus pour quelque chose de plus complexe et perçu comme plus risqué. D’autre part, il y a la difficulté à mettre ces enjeux dans les priorités immédiates et non celles de long terme, qui passent après les autres et sont toujours pour demain.

Sur ce chemin du changement, on va trouver des obstacles qui selon les entreprises, leur maturité, leur domaine d’activité pourront prendre la forme de : quel est l’enjeu ? ; en quoi me concerne-t-il ? ; il n’y a pas de « vraie » demande des consommateurs ou de mes clients ; cela va peser sur mes investissements ou mes coûts et je ne serai plus concurrentiel ; j’en fais déjà soit comme M Jourdain sans le savoir soit en le sachant et c’est bien assez…

Pour celles qui veulent s’engager : comment ? ; en commençant par quoi ? ; avec quels moyens ? ; je n'ai pas les compétences...


Qu’attendez-vous des entreprises aujourd’hui face aux enjeux de climat et de biodiversité ?

Deux choses peuvent être attendues des entreprises. La première est qu’elles prennent conscience de l’enjeu et de son ampleur. C’est de plus en plus le cas pour le changement climatique, il reste du chemin à faire sur la perte de biodiversité. On est encore loin pour cette dernière d’une réelle prise de conscience tant au niveau de son ampleur que de ses dimensions systémiques. Il ne s’agit pas de protéger le tigre ou le panda, mais de préserver une nature dont nous dépendons sur de multiples champs. La seconde, c’est d’en mesurer les risques et les opportunités non seulement du point de vue de la société mais aussi à l’aune du monde économique d’une part, de son entreprise de l’autre afin de les intégrer et de faire évoluer impacts, dépendances, modèles d’affaire pour aller vers une économie plus résiliente et éviter des chocs qui seront d’autant plus brutaux qu’on tardera à les prévenir.

Pourquoi avez-vous décidé de rejoindre la Convention21 comme Engagée ?

Les choses changent, dans la société comme chez les entreprises. Ces dernières sont de plus en plus conscientes et actives. On a pu parler à plusieurs reprises de « points de bascule », cela est incontestable et donne de l’optimisme. En revanche le mouvement, quelle que soit sa dynamique, est insuffisant au regard des efforts nécessaires. La preuve : les émissions de carbone, si l’on excepte l’année 2020 et peut-être 2021 pour des raisons strictement involontaires, ont du mal à être réduites…

Réfléchir collectivement, partager les enjeux et leur urgence, identifier ensemble les points de blocage et les leviers, que les acteurs du monde économique eux-mêmes coconstruisent des solutions, me semble une voie particulièrement intéressante et porteuse.

Pour vous, la Convention 21 sera une réussite si….

La réussite sera évidemment d’abord dans la dynamique de la Convention 21 et sa capacité à élaborer des propositions et des voies partagées, suffisamment ambitieuses pour être efficaces et suffisamment réalistes pour que le monde économique s’en saisisse ou, pour les plus novatrices, les approfondisse. Mais avoir un « beau rapport » ne suffit pas, la réussite sera dans la mobilisation concrète des entreprises autour des enjeux portés par la Convention. Elle sera là si les entreprises ou qu’au moins un nombre suffisant d’entre elles s’emparent des propositions, les mettent en œuvre et qu’un « momentum » collectif puisse s’en dégager et se propager. Que la transformation devienne la norme et non l’inverse.

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